Fondatrice de la plateforme Ali di Firenze dédiée à la joie de vivre à l’Italienne, Alice Chéron Marchi s’est inspirée de son expérience personnelle pour organiser des “fugues”. Il s’agit de week-ends de 3 jours en Italie pour un groupe de 10 femmes voyageant seules. Les destinations varient tout au long de l’année et les programmes varient en fonction des thématiques. Des moments hors du temps, comme des bulle des décompression créative afin de retrouver le fil de soi. Prochaine fugue en date : Pietrasanta, au mois de juin, autour de l’Art…

Alice nous livre ici sa conception de l’évasion, vécue comme une vraie respiration, un moment précieux pour se ressourcer et se réinventer.

Fuguer, tout un art…

Comment en es tu arrivée à fuguer ?
J'ai eu besoin d'aller prendre l'air quand mes enfants étaient petits car j'ai ressenti un sentiment d'étouffement. J'ai eu du mal à trouver ma place de mère car j'étais aussi dans une phase d'introspection pour savoir qui je voulais devenir de manière générale ! Ces parenthèses m'ont fait beaucoup de bien. J'ai retrouvé de la clarté et beaucoup d'énergie pour affronter positivement tous ces petits challenges de la vie.

À quelle fréquence fugues tu ?

Ma règle c'est une fois par an ! Mais je suis encore indisciplinée. Là je rentre de fugue et cela faisait presque 2 ans que je n'étais pas partie. J'ai eu un bébé entre-temps, mais je ne suis pas sûre que cela soit une bonne excuse !

Fugue pro ou 100% perso ?

Toujours perso sinon je ne réfléchis pas de la même manière. Ces 3 jours (mon format idéal !) c'est vraiment 72h dédiées à moi seule une fois par an. Je considère que c'est mérité et pas vraiment de l'ordre du caprice égocentrique. C'est plutôt une forme d'égoïsme sain et salutaire pour être droite dans ses bottes.

Avion ou train ?

Train toujours. Je vis à Florence, c'est assez simple de sauter dans un train pour Venise ou Rome. La beauté est à portée de main ici en Italie.

Valise cabine ou en soute ?

Cabine sempre, et avec mon étiquette à bagage rose Chardon évidemment ! Je l'ai depuis des années et elle m'a accompagnée dans toutes mes fugues.

Comment la remplis tu ? As tu des astuces pour ne pas être surchargée?

Je pense chaque moment et tenue qui va avec, et je ne prends que des vêtements qui se combinent bien les uns aux autres. J'aime bien par contre prendre une paire de chaussures plus élégantes, je ne suis jamais à l'abri d'improviser une sortie à l'opéra.

Qu’as tu toujours à portée de main en voyage ? tes indispensables ?

Un carnet dédié à la fugue où je vais noter toutes les sensations, idées, émotions qui vont remonter à la surface comme des bulles tout au long des 3 jours. J'écris aussi habituellement un article sur mon site après chaque fugue. Je le rédige pour moi avant de l'écrire pour les autres. Il y a quelque chose d'important dans cette idée de clarifier ce qui s'est passé, d'organiser ses idées et sa pensée.

J'ai aussi très souvent mon carnet à dessin pour croquer des moments de fugue. Je ne dessine pas particulièrement bien mais j'adore le "moment du dessin", une vraie méditation créative pour moi où je peux rester 1h30 sur une place du quartier de Monti à Rome pour essayer de fixer la joie de la scénette qui se joue devant moi.

Une anecdote en voyage ?

Lors de ma dernière fugue en Maremme au sud de la Toscane, il a plu non stop pendant 3 jours et bizarrement j'ai adoré ça. Une invitation (ou une obligation ?) à ne rien faire, à lire en contemplant la mer gronder au loin. Cet aspect "sombre" de la nature m'a fait beaucoup de bien et jouait en miroir avec ce qui se passait dans ma tête à ce moment-là.

Une destination coup de coeur ?

Venise toujours. Pour moi c'est MON lieu de fugue, mon refuge. J'y ai vécu des expériences intenses liées à la beauté qui vous touche l'âme, vous fait un calin quand rien ne semblait pouvoir vous apaiser. J'ai eu des réflexions très fortes seule sur les îles de la Lagune. C'est un paradis à vivre sur place mais aussi à l'intérieur de moi avec tous mes souvenirs.

Un conseil pour voyager en solo ?

Ne pas avoir peur de prendre un spritz ou déjeuner toute seule. Lâcher son télephone, avoir un bouquin, commander un verre, regarder les gens passer ... Il est rare que les gens se disent au final 'oh la pauvre, elle est seule', il y a plutôt quelque chose qui intrigue et qui fascine dans l'observation d'une femme libre et bien avec elle-même.

www.alidifirenze.fr

Les fugues